Treize Raisons de Jay Asher
Résumé : Clay Jensen reçoit sept cassettes enregistrées par Hannah Baker avant qu’elle ne se suicide. Elle y parle de treize personnes qui ont, de près ou de loin, influé sur son geste. Et Clay en fait partie. D’abord effrayé, il écoute la jeune fille en se promenant au son de sa voix dans la ville endormie. Puis, il découvre une Hannah inattendue qui lui dit à l’oreille que la vie est dans les détails. Une phrase, un sourire, une méchanceté ou un baiser et tout peut basculer.
Depuis le temps que je devais parler de ce livre, surtout que ça fait un moment que j’ai fait ma critique sur son adaptation en série : 13 Reasons Why ! 🙂 Je préviens par contre, que ma critique de ce roman risque d’être un peu décousu, car ça fait plus de 6 ans que j’ai lu le livre ! ^^
Ce roman m’avait marqué à l’époque, car ça soulevait un sujet qui reste encore très tabou : le suicide chez les adolescents à cause du harcèlement scolaire. Beaucoup d’adultes ne veulent pas ouvrir les yeux sur ce sujet (hélas !), c’est pour cela que je trouvais le roman important (et encore plus la série), pour montrer une triste réalité qui reste plus que jamais d’actualité.
Le livre avait encore une plus grande importance pour moi, l’ayant lu à l’époque où ça faisait environs 5 ans que je ne subissais enfin plu du harcèlement scolaire ! Car oui, comme je l’expliquais dans ma chronique sur 13 Reasons Why – Saison 1 : 13 Raisons qui peuvent changer une vie (l’adaptation en série de ce livre), j’ai vécu pendant plus de 3 ans du harcèlement scolaire à l’époque du collège… Une très mauvaise période de ma vie que je ne souhaite vraiment à personne ! Pour vous dire, que j’avais le recul nécessaire pour lire ce roman, dont je pense vraiment qu’il faut avoir, pour ne pas avoir une mauvaise idée de ce que le roman veut dénoncer. Car, une des choses qui doit ressortir de cette histoire, c’est que ce n’est pas normal d’en arriver à ce point, ou même de l’envisager, malgré certaines raisons difficiles à vivre dans ce genre d’expérience…
Ici, nous avons donc Hannah Baker, qui a subi différentes formes d’harcèlements et d’autres choses, qui l’on poussé au suicide. Mais avant cela, elle décide d’enregistrer sur 13 faces de 7 cassettes, les treize raisons et personnes, qui l’on poussé à passer à l’acte. Ces cassettes servent en quelque sorte de lettre de suicide et d’adieu, et non pas comme une vengeance, comme j’ai pu voir certains commentaires sur le roman ou même, sur la série. Il y a une petite part de vengeance quand même, je suis d’accord, mais ce n’est pas le réel but des cassettes. Si ça avait été une vraie vengeance, elle les aurait envoyées à la police, aux journaux ou à ses parents.
Car, à mes yeux, si elle fait passer les cassettes aux personnes concernés et mentionnés sur ces mêmes cassettes, après son décès, ce n’est pas spécialement pour les faire culpabiliser (bon un peu, mais pas au point qu’ils se dénoncent ou se sentent mal toute leur vie pour ça), mais plus pour leur faire comprendre que des gestes et paroles peuvent faire très mal, voir plus qu’un geste violent, et qu’il faut faire attention à ce qu’on fait envers autrui. Parce que tout le monde ne vit pas les choses de la même façon…
C’est une chose que le livre retransmet très bien, je trouve. Le livre à des défauts, mais pas sur le fait de faire passer l’importance du message de son histoire. En fait, le plus gros point faible du roman, c’est de vivre l’expérience des cassettes que par une seule personne : Clay Jensen, le personnage principal du livre, avec Hannah. C’est pas tant ça le problème, puisque c’est pertinent de faire comme ça au niveau de la narration, c’est même le choix le plus judicieux. Mais, c’est plus le fait qu’on ne sait pas comment on réagit les autres personnages avant et après Clay, à l’écoute des cassettes (ce qui est rectifié dans la série, alors que l’angle du récit et le même).
Sinon, le seul autre reproche que je pourrais faire, c’est que j’aurais bien aimé que le texte soit plus aéré, en laissant un espace entre chaque récit d’Hannah et les pensés de Clay, pour que le découpage entre les deux soit plus fluide. Mais, ce n’est qu’un avis personnel pour ce point, car je sais que c’était fait exprès pour le rythme, et pour faire comprendre que les pensées de Clay sont en direct au moment où il écoute les cassettes. J’ai juste eu la sensation que le texte était trop « serré » par moment. Mais ce n’est pas un réel défaut, et ça ne m’a pas empêché d’apprécier ma lecture, loin de là ! 😉
Ce roman est une réussite sur ce qu’il veut véhiculer, car il sait viser et toucher juste sur un thème pourtant difficile qu’est le suicide. Ce livre sensibilise autant les adolescents que les adultes sur le harcèlement scolaire, le suicide chez les jeunes, et les conséquences de tout à chacun envers autrui. Cette histoire veut donner le message que le suicide, a un aussi jeune âge, ne devrait même pas être envisagé comme une solution, et qu’il faut savoir accepter les mains tendues, même si ça paraît insurmontable. Car, c’est en prenant une de ces mains tendues, qui vous donneras l’espoir et la bonne surprise qu’il suffit, pour vous redonner foi en la vie.
Et je remercie Jay Asher d’avoir pris la décision qu’Hannah ne s’en sorte pas à la fin. En effet, l’auteur avait hésité à mettre une fin, où on découvrait qu’Hannah était vivante à l’hôpital, parce qu’elle aurait survécu a sa tentative de suicide ! Cette autre fin, aurait été aussi belle et aurait donné plus d’espoir au récit, c’est sûr, mais vu que c’est un sujet tabou de base, le fait qu’elle ne s’en sorte pas, donne une dimension avec plus d’impact et plus réel, car hélas, les tentatives de suicide se clôture souvent par le décès de la personne… C’est une fin qui prend aux tripes et qui réussit malgré tout a donner de l’espoir, à travers le personnage de Clay et de son intention a ne pas reproduire la même erreur en ne voyant pas les signes d’alerte qu’Hannah ou Skye ont pu lancer pour qu’on les aides.
Bilan : Treize Raisons est un très bon roman, avec une thématique dur, mais nécessaire selon moi. Le sujet du harcèlement scolaire et du suicide chez les jeunes est encore un sujet tabou, donc je remercie Jay Asher d’avoir pris le risque d’en faire son histoire, plus que dramatique au vu du thème, mais qui donne de l’espoir pour la suite. J’ai été transporté par l’histoire d’Hannah et Clay, et je n’avais vraiment pas envie de les laisser partir. Le roman a quelques défauts, mais ça n’empêche pas d’avoir une belle histoire avec des messages importants, et le ressentis de ce roman est tellement fort, qu’on ne peut mettre qu’une très bonne note à ce livre ! 😉 C’est un roman à lire avec du recul, surtout si vous vivez ou avez vécu ce genre d’expériences, comme moi. Je le conseille fortement, car c’est un livre avec des messages importants. La série 13 Reasons Why reste meilleure à mes yeux, mais les deux formats sont géniaux, alors n’hésitez pas à les découvrir si vous ne les avez pas encore lu et vu ! 🙂
Nombre de pages : 318 pages
Maison d’édition : Le Livre de Poche
Note : 9/10
Citations de ce livre (ATTENTION, risque de SPOILERS sur la lecture, vous êtes prévenus !) :
J’espère que vous êtes prêts, parce que je vais vous raconter l’histoire de ma vie. Ou plus exactement, la raison pour laquelle elle s’est arrêtée. Et si vous êtes en train d’écouter ces cassettes, c’est que vous êtes l’une de ces raisons.
Démarrer la platine était facile, la première fois. Un jeu d’enfant. Je n’avais pas idée de ce qui m’attendait.
Mais à présent, c’est l’une des choses les plus terrifiantes que j’aie jamais faites.
Je baisse le volume et je rappuie sur le bouton.
Je veux presser le bouton STOP du walkman et rembobiner le passé pour les prévenir. Ou les empêcher de se rencontrer.
Mais c’est impossible. Nul ne peut rembobiner le passé.
Et vous tous qui m’écoutez… Avez-vous remarqué les cicatrices que vous laissiez derrière vous ?
Non. Ça m’étonnerait.
C’était impossible.
Parce que la plupart de ces cicatrices ne se voient pas à l’œil nu.
Tu aurais dû prévenir les flics, Hannah. Ça aurait pu empêcher l’effet boule de neige. Celui dont tu parles. Celui qui a tout emporté sur son passage, nous y compris.
Aujourd’hui, c’est juste un banc comme un autre. Destiné aux personnes âgées ou à quiconque n’ayant plus la force de marcher.
Comme moi.
Tout était faux.
A cet instant, dans ce bureau, la prise de conscience que personne ne connaissait ma vérité a profondément ébranlé ma vision de la vie.
J’écoute quelqu’un en train de renoncer. Quelqu’un que je connaissais. Qui comptait pour moi.
Je l’écoute. Mais malgré tout, j’arrive trop tard.
(…), il m’accorde simplement la permission de rester dans sa voiture à sentir le manque d’Hannah. Sentir le manque d’elle à chaque bouffée d’air que je respire. Sentir son absence avec un cœur si froid, si seul, mais baigné d’une douce chaleur chaque fois que la pensée d’elle me traverse.
Nous rions tous les deux. Et ça fait du bien. C’est un soulagement. Comme de rire à un enterrement. Déplacé, peut-être, mais salutaire.
24 août 2019 at 20 h 20 min
C’est fou parce que le collège est vraiment un lieu d’uniformisation, où la moindre « différence » existante ou inventé est perçu par le groupe comme étant sujet à moquerie. J’avais été marqué par le livre sur le suicide d’une adolescente qui s’appelait « Marion, 13 ans pour toujours » de Nora Fraisse. La meute qui se jette sur celui qui est trop ceci ou pas assez cela.. cela m’a toujours dégoûté et profondément choqué. Merci pour cet article en tout cas. Excellent weekend à toi 😊
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25 août 2019 at 17 h 08 min
Et oui, les lieux scolaires (et les réseaux sociaux aussi maintenant !) sont les pires pour ce genre d’harcèlement, dû a des « différences » chez les uns et les autres, qui ne devrait même pas être prise en compte, pour ne pas faire de discrimination de toute sorte…
Le roman de Nora Fraisse me tentait aussi sur le sujet, je le lirais sûrement.
Je suis comme toi, ça m’a toujours dégoûté que ce genre de chose existe ! Et hélas, ayant été une victime de ce genre d’expériences, je sais que trop bien a quel point c’est atroce comme situation à vivre…
Et voir que les systèmes scolaires ne font toujours « rien » ou le minimum pour éviter ce genre de chose, ça me met en colère contre le système !
C’est gentil merci ! 🙂 Et merci d’avoir réagit a cet article ! 😉 Bon week-end à toi aussi ! 🙂
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28 août 2019 at 12 h 26 min
Je partage entièrement votre avis à tous deux, de A à Z. Je vous invite à lire l’autobiographie de Sue Klebold, la mère du tueur de masse Dylan Klebold -l’affaire du lycée Columbine : c’est très instructif. Même si cela n’effacera pas le passé, je t’envoie toute ma compassion, Justine, et te fais de gros bisous !
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28 août 2019 at 18 h 03 min
Oh merci pour ton retour sur cet article et sur les commentaires ! 🙂
Et merci pour cette recommandation, je ne connais pas du tout ce livre, je vais le mettre dans ma wish-list, car en effet, je pense que ça peut m’intéresser !
Merci beaucoup, ça me touche énormément ! ❤ Et ça fait toujours du bien d'entendre ça, même si c'est plusieurs années plus tard.
Gros bisous à toi aussi ! 🙂 ❤
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6 septembre 2019 at 18 h 21 min
Tu dis préféré la série.. Sachant ce que tu as vécu et moi aussi, lequel est le moins dur à suivre selon toi ? 🙂
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13 septembre 2019 at 15 h 28 min
Alors, niveau qualité, la série est meilleure dans son exploitation du sujet. Mais, au niveau de la dureté du sujet, la série est plus émotionnel que le roman, donc le roman est plus « accessible » par rapport a la sensibilité des tabous abordés. 🙂
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