Les Accusées de Charlotte Rogan

Résumé : A l’été 1914, l’Impératrice Alexandra, un paquebot transatlantique croisant vers New York, fait naufrage suite à une mystérieuse explosion. A son bord se trouve Henry Winter, un riche banquier en voyage de noces avec sa jeune épouse Grace. Malgré la panique ambiante, il parvient à trouver une place à sa femme sur l’une des chaloupes de sauvetage. Elle y rejoint trente-huit autres passagers, bien plus que l’embarcation ne peut en contenir. Pendant vingt et un jours et vingt et une nuits de peur et de danger, une évidence se fait jour : pour que certains vivent, d’autres doivent mourir. Grace  fait partie de ceux qui ont survécu… mais à quel prix ? C’est ce que cherche à savoir le tribunal devant lequel elle comparaît avec deux autres femmes. Mais la justice peut-elle vraiment statuer sur ce qui s’est passé entre ces hommes et femmes confrontés à une mort imminente ?

Ce thriller me tentait beaucoup quand j’ai lu le résumé (la couverture donnée envie aussi), et que dire à part que, même si l’histoire est aussi intéressante que le résumé le présume, j’ai quand même été légèrement déçu.
Disons que c’est plus le découpage de l’histoire qui m’a gêné, la partie du procès n’ayant réellement lieu que vers la fin du livre, alors qu’il aurait été plus intriguant, de mon point de vue, d’avoir un passage du procès à chaque fin de chapitre qui relate une journée sur la chaloupe. Le parallèle entre les témoignages lors du procès et ce qui c‘est vraiment passée, aurait eu plus d’impact, je trouve.

La partie sur la chaloupe a également un petit souci de narration à mon sens. La vie en communauté sur une chaloupe coincée au milieu de l’océan a bien été exploitée, le côté survie et les moments de « sacrifices » aussi. Mais certains éléments ont été étirés plus que nécessaire, ce qui parfois, donne une impression de répétition sur certaines journées. Alors que d’autres, qui relevé l’intérêt, sont passée à la trappe ou on été bâclé, pour passer à une autre étape de l’histoire qui ne vaut pas toujours, ce qui a été peu exploité juste avant.

D’ailleurs, personnellement, j’aurais bien aimé lire le voyage en entier sur la chaloupe, en sautant quelques jours où il ne se passe pas grand chose, même si j’avoue que cette façon faire à permis d’accomplir ce que voulait l’auteure : donner une montée en tension au fur et à mesure que le voyage (et le roman) avance, ce qu’elle a réussi a faire à merveille !
Le côté thriller et suspense est bien là, on avance sans trop de mal, car l’intérêt de savoir ce qui s’est passée pour mener l’héroïne, Grace Winter, au banc des accusées vaut le coup de lire ce roman.

Par contre, niveau personnage, mis a part Grace et les autres accusées, les autres personnages ne sont pas très développer, ce qui est dommage, car on ne s’attache pas spécialement a eux, et que ce qu’ils leur arrivent au fond, nous importe peu.
Mais ce roman réussi tout de même a soulevé des questions sensibles et dérangeantes que l’auteure présente de façon convaincante, comme : « Jusqu‘où irait-on pour survivre à une mort quasi-certaine ? » ou encore « Est-il vraiment possible de juger une situation pareille, en ayant pas vécu la faim, la soif, l’épuisement totale, le désespoir et les pertes subis par ces malheureux passagers ?« 

Bilan : Ce roman est un bon thriller avec du suspense et une bonne montée en pression comme on s’y attend. L’auteure pose aussi des questions intéressantes sur les limites de la morale humaine. Mais le côté procédural n’est pas assez approfondis à mon goût, ce qui entache quelque peu la narration. Un roman a testé si le thriller est votre genre de lecture.

Nombre de pages : 336 pages

Maison d’édition : Fleuve Noir

Note : 6,5/10

Citations de ce livre (ATTENTION, risque de SPOILERS sur la lecture, vous êtes prévenus !) :

« (…) je suis restée au milieu de la rue, la bouche ouverte, transportée dans le temps, revoyant autour de moi les trombes d’eau grise d’une autre averse. Cet épisode appartenait a mon passé et c’était la première fois que j’entrevoyais la possibilité de le revivre, de m’y replonger, de revenir à ce dixième jour à bord de la chaloupe, où la pluie s’était enfin mise à tomber.
Une pluie froide, mais que nous avions accueillie à bras ouverts. »